Snow Sweet Snow Bivouak au refuge de la Pierre du Carré (Belledone) 14-15 Décembre 2012

Participant: K’ptain (solo)

Ca s’annonçait pas terrible cette nuit-là:
– beaucoup de précipitations attendues, avec un isotherme 0° remonté au-delà de 2100m en raison du redoux apporté par le foehn et le vent qui va avec;
– vu de la plaine, un ciel bouché dès 1700m augurant d’un beau brouillard à traverser;
– un départ plus que tardif en fin d’aprèm;
– un risque 3 annoncé par le BRA;
– un sac à dos fait à l’arrache avec en prime des cartouches de gaz toutes vides, obligé de repasser par Décapoêle* avant le start;
– des bouchons à n’en plus finir à hauteur de la barrière de péage de Crolles;
– personne de motivé – et pour cause – pour m’accompagner dans cette sortie nocturne.

Je me décidais quand même à partir, quitte à faire demi-tour si d’aventure les conditions s’avéraient trop hostiles ou trop craignos (on a déjà vu ça, notamment à la cabane aux chèvres il y a quelques années sur les hauteurs de Val d’Isère).

Mais rien de tout cela!
Arrivé vers 19h30 au Super Collet (1630m), il y fait même très bon avec le redoux.
Aucune intempérie ni vent. J’attaque la remontée sans tarder avec mes 2 frontales,
une pour voir de près l’autre au loin.
J’ai prévu 2 itinéraires possibles:
– l’un, court par une piste forestière avec 150m de déniv par les pentes SO mais exposé à de fortes pentes
– l’autre, 2 fois plus long avec 400m de déniv en passant par les Crêtes de la Plagne en remontant au maxi les pistes de la station vers 2100m.

Je ne tarde pas à faire mon choix. Il a beau avoir plu, quand je teste les contre-pentes, je me rends compte que le manteau neigeux est loin d’être très super stable, j’opte donc pour le plan B et 90min de progression trankilou par la crête.

L’itinéraire n’est pas très long, on l’avait déjà en partie emprunté lors du fameux Kryo Bivouak au refuge de Claran, mais il comporte un bémol: par où faut-il attaquer la descente pour rejoindre le refuge? Je me souviens qu’il s’apercevait de la crête mais en pleine nuit et situé 300m en dessous, il est hors de question de se louper et encore moins de se mettre dans une trop forte pente.

J’attaque donc là ou la pente me parait la plus faible (env 30°).  Je dépeaute mais pas facile de chausser les low-tech quand on y voit que dalle! Le GPS m’oriente plus à l’Ouest mais je préfère rester tranquille sur une belle rampe assez large et sûre. Les sapins se rapprochent, ça devient plus compliqué de slalomer entre eux, mais la neige est encore légère et divine. Je me lâcherais s’il ne faisait pas nuit noire et que je n’avais pas à profiter de chaque virage pour essayer d’y voir quelque chose.

1822m! Tous mes sens sont en alerte, encore 60m et je passe sous l’altitude de la cabane. Hors de question, sous peine d’avoir à repeauter et surtout de remonter. Je me concentre donc essayant de distinguer une trouée dans cette forêt insondable. Le GPS m’oriente toujours au SO mais impossible d’y voir quoi que ce soit, la pente à ma droite semblant de toute façon encore plus raide!

Je décide pourtant de forcer le passage entre quelques sapins. Je gagne 100m quand j’aperçois juste en face de l’autre côté d’une combe une autre rampe neigeuse bien dégagée. C’est là! C’est celle-là que j’aurais dû suivre mais les fortes pentes qui m’auraient permis d’y accéder m’en ont dissuadé et je m’en félicite. Ici c’est plus simple, je vise entre les TannenBaum et me laisse glisser vers une immense masse blanche: c’est le refuge!

Pas très visible d’en haut car recouvert d’un bon 60cm de neige, je le rejoins en traversant la large combe déversante et pentue qui y mène. J’abrite tranquillement mes skis sous le auvent, content d’être enfin à l’abri pour la nuit, la porte s’ouvre sans problème, il fait 1°…
Quand soudain, alors que je viens juste de refermer la porte et de poser mon sac dégoulinant un l’intérieur, j’entends un énorme craquement suivi d’un Woouaf (ou Wouoof ;O))  au moins tout aussi inquiétant, comme si un troupeau de sanglier voulait s’incruster avec moi pour la nuit dans le dortoir, et ce sans payer!! Incrédule, je m’approche de la porte pour la rouvrir et Wouaoof!! rebelotte, ça recraque: craacK CRAACK! Et c’est alors que je réalise ce qui s’est passé:

En claquant la porte, j’ai tout simplement fissuré le manteau neigeux épais d’environ 60 cm qui recouvre le toit!! Il continuera de se déliter ainsi toute la nuit occasionnant de beaux sursauts pendant mon sommeil. Vraiment incroyable, jamais je n’aurais supposé que cela puisse occasionner un bordel pareil! J’ai quand même débranché mon ARVA pour la nuit, le reste en image…

En tous cas c’est un beau refuge, agréable et bien équipé où l’on peut revenir nombreux.

Suite au prochain épisode, sans doute dans les Alpes de Haute-Provence dès la semaine prochaine,

K’ptain

*Décapoêle: comprendre Décathlon

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A propos Kaptain Biwouak

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